À l’heure d’un usage quotidien des claviers et des écrans tactiles, on pourrait se demander pourquoi apprendre à nos enfants l’écriture manuscrite. Pourtant, cette activité en apparence anodine ne présente que des avantages en terme d’apprentissage.

Un simple activité motrice ?

L’apprentissage de l’écriture manuscrite est souvent associée dans notre esprit à l’image d’un enfant de CP, concentré sur ses lignes de « a ». Il faut cependant savoir que, comme pour la plupart des apprentissages, la maîtrise complète de l’écriture cursive (en « attaché ») se fait autour de 13-14 ans.

Durant les premières années d’apprentissage, les enfants produisent des mouvements lents et courts.

En grandissant (entre 8 et 13 ans), le contrôle exercé sur l’écriture devient progressivement automatisé (« je peux prévoir ce que je vais écrire ») et devient moins coûteux sur le plan cognitif. Pourtant, aux États-Unis, l’apprentissage de l’écriture à la main a été abandonné un temps au profit d’un apprentissage de l’écriture au clavier. Et il s’avère que cet abandon d’une activité qu’on pourrait considérer comme uniquement motrice a des conséquences importantes au niveau cognitif.

Quels sont les bénéfices de l’écriture manuscrite sur les apprentissages ?

Écrire à la main permet de bien lire

Maria Montessori préconisait d’exposer d’abord les jeunes enfants à l’écriture avant de les confronter à la lecture. Et de fait, votre bambin a certainement dû faire des essais d’écriture avec des groupes de lettres qu’il vous a demandé de déchiffrer. En écrivant, l’enfant discrimine peu à peu les caractéristiques des lettres et les associent à un son. Cette mémoire motrice va venir renforcer l’apprentissage visuel des lettres.

À terme, une écriture aisée favorise une meilleure compréhension des textes et une acquisition de l’orthographe plus solide.

Écrire à la main permet de mieux mémoriser

Pour les débutants, écrire une lettre relie le tracé de cette lettre à sa valeur phonologique (son), tandis que le fait de taper sur une touche ne signifie rien pour notre cerveau. Par ailleurs, l’écriture manuscrite fabrique un souvenir dans le cerveau : ainsi, un étudiant qui prend des notes à la main retiendra plus efficacement son cours que celui qui l’a transcrit au clavier. Un collégien qui révise en écrivant va mieux enregistrer les informations que s’il se contentait de les lire.

Ainsi, l’écriture manuscrite mobilise plus de zones du cerveau que l’écriture au clavier. La négligence de cet apprentissage pourrait mener à une baisse des compétences en compréhension, en lecture et en motricité fine.

En pratique, ça donne quoi ?

  • Maternelle : la préhension correcte du crayon est prioritaire. On apprend à faire le « bec de canard » avec les doigts.
  • CP : l’apprentissage doit être quotidien. Si vous constatez une difficulté, parlez-en à l’enseignant.e. On a tendance à trop focaliser sur la lecture, alors que l’écriture lui est intiment liée.
  • CE1/CE2 : l’écriture doit s’affirmer, même si elle reste lente. Observez votre enfant écrire et assurez-vous qu’il écrit par groupe de lettres et non lettres par lettres.
  • CM1/CM2/6ème : l’écriture est normalement plus rapide. Soyez vigilant sur l’orthographe. Si vous en avez la possibilité, reprenez votre enfant dès qu’il y a une erreur et faites-lui corriger pour qu’il ne mémorise pas de graphies erronées.
  • À partir de la 5ème : les enfants ont tendance à vouloir expérimenter d’autres écritures. Laissez-le faire à condition que cela ne l’empêche pas de prendre son cours, et qu’il puisse se relire aisément.

En bref

  • Écrire à la main est beaucoup plus complexe qu’une simple activité motrice ;
  • L’écriture manuscrite permet de renforcer les compétences en lecture, en orthographe et en mémorisation ;
  • La maîtrise de l’écriture manuscrite est un enjeu bien au-delà du CP.

À propos de l’auteur

Enseignante passionnée par les processus d'apprentissage et la méthodologie, je partage avec vous le fruit de mes recherches.
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