Nos enfants vivent dans un monde structuré par les mathématiques. Nombres, formes, quantités, ces notions font partie de la vie de tous les jours. Pourtant, la découverte des mathématiques ne fait pas toujours l’objet de la même attention que celle portée à la lecture, par exemple. Vous voulez savoir comment aider vos enfants à aborder sereinement cette matière ? Voici 10 compétences en maths de niveau maternelle à mettre en œuvre au quotidien.

Connaître la comptine numérique jusqu’à 30

En maternelle, les notions mathématiques font partie du domaine : « Construire les premiers outils pour structurer sa pensée ». Connaître la comptine numérique constitue un des attendus de fin de cycle 1. En effet, pour que le nombre soit une information que l’enfant puisse facilement mobiliser, il faut qu’il connaisse parfaitement cette comptine, qu’elle soit longue (jusqu’à 30) et segmentée. Cela signifie que la litanie « undeuxtroisquatrecinq… » qu’il récite peut-être déjà à toute vitesse doit être partagée en « mots nombres ». Cela permettra de comprendre la notion de nombre « précédent » et de nombre « suivant », puis mènera à l’augmentation et la diminution d’une quantité.

Que faire pour favoriser au quotidien cette acquisition d’une compétence de maternelle ? Vous pouvez chanter des comptines type « 1,2,3, je m’en vais au bois » ou « 1 kilomètre à pied ». Lorsque votre enfant récite la suite numérique, encouragez-le à bien séparer chaque mot et félicitez-le : « Whouah, tu sais compter drôlement loin ! ». N’hésitez pas cependant à signaler si un nombre a été oublié ou mal placé.

À savoir : les nombres de 11 à 16, qui ne font pas apparaître la spécificité de la base 10 (comme dans dix-sept, par exemple), sont particulièrement difficiles à acquérir.

Dénombrer des quantités jusqu’à 10

Dénombrer une quantité, c’est admettre un concept qui n’a rien d’évident. En effet, le dernier chiffre énoncé lorsqu’on a compté une collection correspond à la quantité de toute la collection. Un enfant qui a construit le sens du nombre va avoir cette réaction : face à quatre bonbons, il va pointer du doigt chaque bonbon « un, deux, trois, quatre » et indiquer, si on lui demande combien il y a de bonbons : « Quatre ! ». Un enfant qui n’aurait pas construit le sens du nombre va tout recompter. L’objectif est donc bien de comprendre qu’un chiffre peut être à la fois un numéro et une quantité. Pour développer cette compétence, il ne faut pas hésiter à compter tout ce qu’il y a autour de soi : fruits dans une corbeille, voitures rouges, boutons sur une veste, etc. Mettez des mots sur le résultat : « Tu as compté 5, donc il y a 5 boutons ».

Jeu à partir de 5 ans : vous pouvez lui proposer de compter des objets mystères placés dans une boîte ou un sac fermé, à l’aveugle. Engagez-le à exprimer sa stratégie et vérifiez ensemble qu’il a bien compté en découvrant le contenu.

Dénombrer, c’est compter des objets pour en déterminer la quantité.

Utiliser les nombres pour indiquer une position

Les nombres sont utilisés dans la vie courante avec deux significations différentes. Le mot« six » peut, soit désigner un numéro (le 6 rue Lafontaine) soit la quantité (une boîte de 6 œufs). Dans le premier cas, il s’agit de la signification ordinale (« sixième ») et dans le second, de la signification cardinale. L’enfant va donc aborder simultanément ces deux valeurs. Pour travailler spécifiquement la valeur ordinale, vous pouvez vous appuyer, par exemple, sur des photos : « Qui vois-tu sur la troisième photo ? » en laissant votre enfant indiquer de quelle photo il s’agit ; ou exploiter des contextes de tous les jours : « Tu seras le deuxième à aller te servir. »

Comptine: Quand trois poules vont au champ

Quand trois poules vont aux champs
La première va devant,
La deuxième suit la première,
La troisième vient la dernière.
Quand trois poules vont aux champs
La première va devant.

Lire les nombres jusqu’à 10

En maternelle, les maths sont utilisées au quotidien dans des situations concrètes : la date, compter les présents, les absents, jouer à un jeu de plateau, etc. ce qui favorisera la rencontre avec le nombre écrit. La capacité de lecture des nombres qui en résulte est très progressive et fera l’objet d’un apprentissage systématique au CP. En attendant, encouragez-le à lire les boutons d’ascenseur, les plaques de voitures, les enseignes ou les numéros de téléphones.

Dans Accompagner son enfant dans l’apprentissage des maths, Frédéric Plessiet propose le jeu de l’agent secret. Il s’agit d’associer dénombrement et chiffre écrit pour les enfants à partir de 5 ans. Placez 7 LEGO® sous une table ou un canapé avec une enveloppe contenant des étiquettes avec les chiffres de 1 à 9. Votre enfant a pour mission de compter le nombre de LEGO®, de choisir la bonne étiquette nombre et de vous l’apporter. Votre mission est de reconstituer une collection de LEGO® en fonction de l’étiquette apportée par votre enfant. Logiquement, si votre enfant a choisi la bonne étiquette, vous devriez avoir la même quantité de LEGO®. Il suffit de comparer en plaçant les deux tours de LEGO® en vis-à-vis. Vous pouvez recommencer avec un autre nombre.

Faire des petites opérations

Faire des maths de niveau maternelle au quotidien, c’est aussi effectuer de petits calculs. Tous les supports sont bons. En Petite et Moyenne Section, favorisez la manipulation. Demandez à votre enfant d’ajouter un, ou de retrancher un à une quantité inférieure à 5. N’hésitez pas à utiliser les doigts et/ou du matériel (haricots secs, allumettes, bonbons, etc.) À partir de 5 ans, comptez les personnages présent sur une page et proposez de petites situations problèmes : « Si le renard s’en va, combien il va rester d’animaux ? », « Si le cochon arrive, combien il y aura d’animaux ? ». Veillez à travailler sur des quantités acquises par votre enfant. Vous pouvez aller plus loin en vérifiant sur une file numérique écrite : « Tu as raison, après 5, il y a 6 ! ».

À tester : pour aborder les additions de façon ludique, Djéco propose Eduludo additions, à partir de 5 ans.

En fin de Grande Section, vous pouvez proposer de petites additions.

Classer et comparer pour faire des maths au quotidien, niveau maternelle

On peut demander très tôt aux enfants de regrouper les objets selon différents critères : aspect, taille, forme, couleur, etc. À l’école, les activités de tri sont régulièrement proposées. À la maison, les occasions de « mettre ensemble ce qui va ensemble » ne manquent pas. Ranger les paires de chaussettes, regrouper toutes les fourchettes, séparer les éléments d’un jeu avant de le ranger, autant d’activités de maths de niveau maternelle que votre enfant peut réaliser au quotidien. Vous pouvez aussi classer en cherchant les points communs (« quel est le point commun entre une orange et un ballon ? : la forme ronde. »). Ces activités développent la rigueur et la logique. Il en est de même pour la comparaison, compétence qui permet cette fois-ci de pointer la différence : quel est l’objet le plus lourd ? Quel bout de pain est le plus long ? Quel bol contient le plus de fraises ?

Astuce : le jeu « La bataille des animaux », édité chez Nathan, permet d’initier votre enfant à la bataille en comparant la taille des animaux. À partir de 5 ans, vous pouvez jouer à la bataille avec un jeu de cartes ordinaire en enlevant les figures.

Un jeu de cartes pour s’initier à la comparaison

Se repérer dans le temps et l’espace

La structuration d’un temps « objectif » se fait entre 4 et 7 ans. Les supports visuels tels que les horloges, les calendriers de différentes formes, les minuteurs, les sabliers contribuent à cette mise en place. Le but est de se repérer dans le temps et de construire la notion de chronologie. Remettre des images dans le bon ordre pour reconstituer une histoire, c’est aussi faire des maths ! Il s’agira d’employer le vocabulaire approprié : aujourd’hui, hier, demain, tout à l’heure, dans deux jours, avant de, après, etc. La même rigueur sera de mise pour le repérage dans l’espace. Donnez à votre enfant des informations précises : « Ton écharpe est dans le tiroir, sous le pull bleu. ». Vous pouvez faire ce travail d’observation avec des illustrations : « Où se trouve le chat ? Sous la table. »

Jeu du robot : cachez un « trésor » dans un jardin ou une pièce de la maison et donnez des instructions à votre enfant, comme s’il était un robot : « Va jusqu’au canapé, puis fais trois pas en direction du buffet. Tourne à gauche et passe sous la table. »Si son déplacement est exact, il trouvera le « trésor ».

Reconnaître des formes géométriques simples

Le programme de maternelle n’exige pas une maîtrise du vocabulaire géométrique en fin de cycle. Cependant, les élèves apprendront à nommer quelques formes planes (carré, rectangle, triangle, cercle) et à reconnaître quelques solides (cube, boule, cylindre, pyramide). À la maison, les objets de tous les jours peuvent être classés par forme : « Dans cette pièce, peux-tu me nommer tous les objets en forme de cube ? ». Attention à bien distinguer forme plane et forme en volume dans votre vocabulaire : une boule n’est pas un cercle.

Astuce : de nombreux albums, comme M. et Mme de Mélissa Pigois, permettent d’aborder les formes comme des personnages attachants.

Manipuler des formes, sur une surface plane ou en volume.

Reproduire un assemblage de formes

Le fait de reproduire un assemblage de forme est étroitement lié à la manipulation, indispensable chez les enfants scolarisés en maternelle. Je ne peux m’empêcher de glisser ici la nécessité de laisser les enfants jouer avec de vrais objets avant de les initier aux jeux sur écrans !Ce qui se construit lors de la manipulation est unique et nécessaire pour la suite de la scolarité. De nombreux jeux du quotidien font appel à cette compétence.

  • surface plane : puzzle, pavage, gommettes ;
  • en volume : KAPLA®, LEGO®.

La bonne idée : avoir chez soi un jeu de tangram pour travailler à la fois la structuration de l’espace et les formes géométriques.

Le tangram, un casse-tête pour petits et grands !

Reproduire un algorithme

Les enfants, dès la Petite Section, sont amenés à organiser des suites d’objets en fonction de la forme ou de la couleur. On appelle cela des algorithmes. L’enfant fera appel à sa logique et construira une première approche des suites en comprenant que, après la succession pomme-banane-pomme, il y aura une banane.

À faire à la maison : des colliers de perles colorées, en suivant ou en inventant un algorithme.

Vous pouvez télécharger ici le PDF du programme de maternelle.

À propos de l’auteur

Enseignante passionnée par les processus d'apprentissage et la méthodologie, je partage avec vous le fruit de mes recherches.
Pour qu'apprendre soit toujours un plaisir !

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