Dès le mois de mai, on ne peut manquer de tomber sur des têtes de gondoles en librairies couvertes de cahiers multicolores et attractifs : les cahiers de vacances. Et chaque année, vous vous posez la même question: en acheter un ou pas pour votre enfant.

Ne rien apprendre pendant deux mois ?

Quel que soit le niveau de l’élève, ne rien apprendre pendant deux mois serait beaucoup trop long. Un apprentissage se consolide s’il est réactualisé, sinon, il sera considéré par le cerveau comme une information sans intérêt ! De plus, la sociologue Marie Duru-Bellat, spécialiste des questions d’éducation souligne la réalité d’un écart qui va se creuser entre les élèves les plus faibles et les plus performants pendant l’été. La question des « révisions » n’est donc pas à prendre à la légère. Cependant, il convient de s’interroger sur la forme que pourrait prendre ce travail de vacances. Les cahiers de vacances sont-ils l’unique forme possible ? Est-il besoin de revoir tout le programme de l’année écoulée ?

Les cahiers de vacances, un outil qui rassure

Il faut d’abord avoir à l’esprit que les cahiers de vacances ont une origine commerciale : il fallait compenser pendant les vacances les baisses de vente de manuels ! Par la suite, ils se sont mués en l’expression d’un besoin, pour les parents, de ne pas voir leur progéniture décrocher totalement de la chose scolaire. Ces deux arguments ne prouvent en rien l’efficacité de ces outils.

Par ailleurs, ces cahiers, qui suivent rigoureusement le programme de l’Education Nationale, se veulent ludiques et attractifs, et ont pour prétention de permettre à l’enfant de réviser en s’amusant. Force est de constater que ceux qui s’amusent vraiment, ce sont les enfants qui réussissent très bien à l’école et n’en auraient donc pas forcément besoin !

Les cahiers de vacances, une option parmi d’autres

Alors, comment maintenir une certaine forme d’apprentissage sans passer par ces cahiers ? Voici quelques exemples :

Le journal de bord : écrire quotidiennement ses activités, les documenter en naviguant sur internet, dessiner pour illustrer une phrase dictée à l’adulte pour les plus jeunes….une belle occasion de réviser l’orthographe et la conjugaison !

Introduire des questions défis dans le quotidien : vous pouvez imaginer une carte avec des cases à cocher chaque fois que votre enfant répond correctement à une question « défi du quotidien » : combien va me rendre le commerçant au marché ? Comment convertir cette quantité de farine de kg en g ? Rappelle-moi le contexte du 14 juillet ?…Il faudra vous montrer inventif mais cette forme de jeu avec des points à la clé (et peut-être une récompense sous forme d’activité?) ravit toujours les enfants !

Les jeux de société : chaque jeu met en avant une compétence (calculer, formuler des hypothèses, orthographe, motricité fine, rapidité…) sans effort apparent !

Un projet : pour les plus motivés, la mise en place d’un projet peut mobiliser des savoirs variés. Organiser une sortie ou fabriquer un objet permettra à votre enfant de lire, de calculer, d’effectuer des recherches avec un objectif à la clé.

Mes incontournables

Vous pourrez me rétorquer que tout cela reste très informel et que vous ne saurez jamais ce que votre enfant a travaillé ou pas. Personnellement, je ne suis pas adepte du tout ludique car je suis profondément convaincue de la récompense que porte en soi tout travail. Ainsi, je ne transige pas sur le temps de lecture : les plus jeunes liront à voix haute, les plus âgés liront seuls mais auront pour tâche de vous raconter le ou les chapitres lus, pour approfondir la compréhension. Par ailleurs, le bulletin du troisième trimestre est l’occasion de pointer une ou des difficultés récurrentes. Ainsi, vous sélectionnerez un point qui pourra être travaillé pendant les vacances : le présent des verbes du 3ème groupe, la résolution de problème, le calcul mental…Faites le deuil de tout reprendre : ce serait rébarbatif et source de conflit. Néanmoins, mettez vous d’accord avec votre enfant sur une compétence à travailler explicitement.

Quel temps consacrer à ce travail ?

La réponse dépendra fortement de votre organisation, de votre disponibilité et celle de votre enfant ! Certains continueront de bonne grâce travailler au mois de juillet, d’autres auront besoin d’une coupure. Voici quelques repères :

CP : lire 10 minutes chaque jour + révision (10 min)

CE1/ CE2 : Lire 15/ 20 min chaque jour + révision (20 min)

CM1/ CM2/ 6ème : 30 minutes de lecture quotidienne + 30 à 45 min de révision

Ce programme pourra s’appliquer les 15 derniers jours d’août (pour bénéficier de la réactivation des connaissances pour la rentrée). Personnellement, je demande à mes enfants de lire chaque jour pendant les vacances, pendant que je lis aussi : c’est notre « club de lecture ».

A retenir :

  • Un enfant doit continuer à apprendre sur le temps de vacances
  • Les cahiers de vacances ne sont qu’une option parmi d’autres
  • La lecture reste un incontournable
  • Les vacances peuvent être l’occasion de retravailler une difficulté récurrente

À propos de l’auteur

Enseignante passionnée par les processus d'apprentissage et la méthodologie, je partage avec vous le fruit de mes recherches.
Pour qu'apprendre soit toujours un plaisir !

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