Votre ado n’a aucun trouble physiologique ou neurologique. Alors pourquoi a-t-il des difficultés à se concentrer ? Dans son ouvrage Développer la concentration de son ado, Didier Pleux fait un état des lieux de ces ados. Ceux qui subissent la chose scolaire sans motivation ni objectif, qui sont intolérants à la frustration ou dont les angoisses paralysent leur capacité d’attention. Vous reconnaissez votre enfant dans ces portraits ? Le psychologue clinicien vous propose plusieurs pistes concrètes pour aider votre ado à développer sa concentration.
Un ado a besoin de ses parents pour développer sa concentration
Didier Pleux insiste dès le début de son ouvrage sur le rôle clé que les parents ont à jouer dans cette bataille pour l’attention. Il démystifie tout de suite la « crise d’ado » qui justifierait aux yeux des parents le fait d’éviter de poser des limites ou de rentrer en confrontation avec son enfant. Le psychologue l’affirme : non, notre ado n’est pas une petite chose fragile dont le seul objectif serait de jouir de la vie avant de rentrer dans les rangs de l’âge adulte. Oui, avoir une attitude éducative est indispensable pour structurer un ado qui a encore besoin de limites.
Le psychologue fait appel à notre bon sens. Pour aider un ado à développer sa concentration, il faut lui rappeler une règle de base : avoir un espace de travail qui bannit toute distraction. Pas de photos, pas de bibelots, et certainement pas de portable sur le bureau ! Il est plus facile de se concentrer si les sources de distractions ne sont pas sous nos yeux.
Un ado développe sa concentration s’il a des objectifs
Une des hypothèses avancée pour expliquer le manque de concentration d’un ado serait l’absence d’objectif. Un enfant qui ne sait pas ce dont il a envie ne sait pas pourquoi il travaille. Sans but, sans rêve professionnel, l’apprentissage peut perdre tout son sens. Didier Pleux nous incite, nous parents, à remettre du sens à la fréquentation du collège, du lycée par l’élaboration d’un objectif avec l’ado. Il ne s’agit pas ici de « mettre la pression » mais de permettre à l’ado d’accepter les frustrations de l’école parce qu’elles sont liées à un avenir professionnel désirable. L’idée, c’est de définir un projet (qui n’est pas forcément définitif !) qui permette de soutenir la concentration. Ainsi, quand l’ado se retrouve face à un devoir qui le décourage, il peut, au lieu de se dire : « Je laisse tomber, je n’y arrive pas. », se raccrocher à son objectif : « Je vais me forcer, parce que c’est nécessaire pour devenir vétérinaire. »
Gérer ses émotions pour mieux se concentrer
L’ado anxieux et perfectionniste
Les ados qui manquent d’attention peuvent être aussi ceux qui se laissent envahir par des voix intérieures anxieuses et démoralisantes : « Je n’y arriverai jamais ! », « Je suis trop nul.lle ! ». Ces petites voix traduisent souvent une autre injonction, plus souterraine : il faudrait apprendre et comprendre tout de suite. Or, c’est impossible ! On ne comprend pas toujours tout du premier coup, on n’apprend rien en une fois et ce n’est pas grave. Il s’agit pour l’ado d’accepter ces phases où le nouvel apprentissage déstabilise, où on doit se retrousser les manches pour refaire encore et encore et accepter que parfois, on bloque. Ce blocage qui décourage peut-être l’occasion pour votre ado de réviser sa stratégie d’apprentissage. Or, tout cela demande des efforts et parfois, c’est ça qui pose problème.
L’ado intolérant aux frustrations
Ce profil, c’est celui du « tout, tout de suite ». Rédiger une rédaction ? Trop long. Réviser pour une évaluation ? Trop de travail. Lire un roman au programme ? Trop décourageant. Les intolérants à la frustration ont souvent été dorlotés par un entourage qui a fait passer le bien-être avant toute chose. Or l’addition peut être lourde : l’ado va faire ce qui lui plaît, laisser tomber ce qui est rébarbatif. Ce qui n’est pas du tout raccord avec ce qui est attendu de lui au collège ou au lycée. Cette intolérance à la contrainte se paye au prix fort : ce qui a été différé devra être fait de toute façon et dans une urgence plus décourageante encore. Alors comment contourner la résistance de l’ado à faire ce qui est difficile ?
Développer des stratégies de maintien de l’attention
Développer des stratégies pour rester concentré, c’est avant tout faire barrage aux pensées automatiques et irrationnelles qui font « décrocher ». Il s’agit de redevenir maître de son cerveau. Aux émotions irrationnelles, l’ado peut opposer ces pensées :
- Je veux atteindre cet objectif professionnel et pour ça, je dois faire ce travail.
- J’accepte de ne pas tout comprendre tout de suite.
- Mes résultats ne modifient pas ma valeur.
- Je ne vais pas agir comme un enfant gâté, je peux me concentrer même si je n’aime pas cette matière.
Si ce n’est pas suffisant, il peut appliquer les conseils du psychologue :
- Découper une tâche complexe en tâches plus simples (lire un chapitre d’un roman plutôt que 50 pages d’un coup).
- Trouver le critère pertinent d’un travail à faire pour ne pas être « hors sujet ».
Cette discipline ne pourra se maintenir sur le long terme que si les parents acceptent leur rôle de garde-fous, ne craignent pas de continuer à définir des limites, s’ils acceptent la confrontation et posent des contraintes.
Et vous, comment aidez-vous vos ados à se concentrer ?
Aider son ado à développer sa concentration, en bref:
- Un ado a encore besoin de ses parents pour l’aider à développer sa concentration : n’ayons pas peur d’avoir des exigences !
- Un ado se concentre mieux s’il donne du sens à ses apprentissages : aidons-le à avoir un objectif professionnel.
- Un ado doit dépasser ses voix intérieures irrationnelles pour retrouver son attention.
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