Ce que l’adulte pense des capacités d’un enfant influence ses performances. Mais qu’en est-il de ce que l’apprenant pense de ses propres compétences ? C’est ce qu’a étudié la psychologue Carol Dweck pendant plus de 30 ans et qu’elle a théorisé sous le nom de « mentalité de croissance » ou « mentalité de développement ». À la croisée de la motivation et de la confiance en soi, la mentalité de développement nous permet d’exploiter les ressources de notre cerveau pour mieux apprendre. Analyse d’un état d’esprit à cultiver.
Mentalité fixe et mentalité de développement : quelles différences ?
La mentalité fixe se base sur la croyance que talents et compétences sont fixées d’avance. Ainsi, les échecs et réussites sont prédictibles et rattachés à ces supposés talents.
Au contraire, la mentalité de développement implique que tout le monde a la possibilité de faire évoluer ses compétences pour peu qu’on s’en donne les moyens et qu’on n’ait pas peur de faire des erreurs.
Ces deux types de mentalité déterminent une attitude tout à fait différente face aux apprentissages. Un élève à la mentalité fixe pense que son intelligence est une donnée figée qu’il possèderait comme une ressource limitée : s’il ne réussit pas quelque chose, c’est qu’il ne serait pas « assez » intelligent ou qu’il ne serait pas « bon » dans ce domaine.
À l’inverse, un élève qui s’appuie sur sa mentalité de développement pour apprendre est persuadé qu’une bonne explication et de la persévérance viendront à bout de sa difficulté. Et il a raison.
Carol Dweck a longuement étudié l’impact de ce que les étudiants pensaient de leur capacité sur leur résultats réels. Et cet impact est sans appel : les résultats sont meilleurs, ces étudiants ont une plus grande autonomie et s’engagent plus facilement dans des travaux difficiles.
Il faut savoir que ces deux mentalités coexistent dans notre esprit car elles sont deux ressources de potentielles réponses à des situations que nous rencontrons. Cependant, il y a de nombreux avantages à adopter une mentalité de développement.
Pourquoi faut-il développer une mentalité de développement pour mieux apprendre ?
Se libérer des idées reçues
Qui n’a jamais dit qu’il n’était « pas bon » en une matière donnée ? En tant que parents, nous avons nous aussi tendance à catégoriser notre progéniture, sans même nous en rendre compte. Notre aîné est tellement doué en langues ! La pauvre petite dernière bataille avec les maths : « Ce n’est pas son truc ». Les étiquettes que nous posons sur nous et nos enfants ne sont ni innocentes ni anodines. Elle peuvent venir de ce qu’on a dit sur nous, de notre milieu socio-culturel, de notre genre. Or ces croyances ne nous autorisent pas à optimiser notre cerveau à son plein potentiel. La mentalité de développement nous permet de mieux apprendre car elle nous libère de l’idée que nous avons des talents ou des incompétences fixes, impossibles à surmonter.
Les études de Carol Dweck et Jo Boaler prouvent au contraire que le cerveau se transforme et se développe toute notre vie.
Ne plus craindre les erreurs
Malgré une avancée dans les discours concernant les bienfaits des erreurs pour le développement de notre cerveau, l’attitude communément répandue, notamment dans les classes, est qu’il vaut mieux éviter d’en faire. Pourquoi une telle différence entre les paroles : « Vous êtes ici pour apprendre, c’est normal de faire des erreurs. » et le ressenti des élèves ?
Tout d’abord, les évaluations sanctionnent les erreurs et ne valorisent pas les réussites. Ensuite, faire une erreur est souvent vécue comme une blessure d’amour-propre. Et c’est d’autant plus vrai pour les « bons élèves », qui ont bien souvent une mentalité fixe. Eh oui ! À force de les féliciter pour leur intelligence, ils ont fini par penser leurs capacités comme à un capital immuable et non comme un phénomène dynamique. Ainsi, s’ils font une erreur, c’est que ce serait hors de leurs capacités. Il se jugent eux, et pas leur performance.
Adopter une mentalité de développement, c’est voir dans les erreurs une possibilité de se dépasser et d’apprendre. D’ailleurs, c’est exactement ce qui se passe dans le cerveau. Lorsque le cerveau est confronté à un problème ou qu’on lui signale une erreur, il est bien plus actif que lorsqu’il pilote quelque chose qu’il maîtrise. Cette activité est le signe d’une croissance cérébrale.
Se montrer plus audacieux
Une mentalité de croissance vient soutenir notre confiance en soi et accroître notre motivation. En effet, si nous nous libérons de nos croyances limitantes et que nous prenons les erreurs comme des opportunités d’apprentissage, nous pourrons nous engager dans des projets ambitieux. La mentalité de développement permet de mieux apprendre et de sortir de sa zone de confort. Échouer n’a rien d’agréable. Pourtant, c’est une situation stimulante qui nous permet d’explorer et de développer notre potentiel.
La mentalité de développement n’est pas un optimisme forcené. C’est choisir de privilégier l’expérience plutôt que la routine pour grandir, sans limites.
Comment aider nos enfants à développer une mentalité de développement pour apprendre ?
Lui expliquer les deux mentalités
Expliquer à un enfant comment fonctionne le cerveau le passionne toujours et lui permet de mieux observer ses propres comportements. Expliquez-lui ce que sont la mentalité fixe et la mentalité de croissance. Indiquez-lui les bénéfices de cette dernière. Dites-lui que votre objectif, c’est de l’aider à développer cette mentalité pour qu’il puisse mieux apprendre et relever des défis.
Faire des compliments appropriés
Si vous complimentez votre enfant sur une qualité qui lui serait intrinsèque : « Tu es tellement doué pour le basket ! », vous courez le risque de l’enfermer dans sa zone de confort. Persuadé qu’il est bon dans un domaine, votre enfant pensera peut-être qu’il ne le sera pas dans un autre. Comment éviter cet écueil ? Mettons plutôt l’accent sur les efforts et les stratégies adoptées par notre enfant pour réussir. « J’ai vu que tu avais pris tous les indices qu’il fallait pour intercepter la balle. » : ce retour descriptif de la réussite donnera confiance en votre enfant et l’incitera à tenter de nouveaux challenges.
Faire un retour sur erreur productif
La rétroaction ou « feed back » est indispensable pour permettre à l’apprenant de tirer partie de ses erreurs. Il s’agit, le plus rapidement possible après l’action, et idéalement de manière individuelle, de revenir sur les erreurs pour aider l’élève à identifier ce qui ne va pas et trouver de nouvelles façons de faire. En famille, développer une mentalité de développement pour mieux apprendre, c’est évacuer le reproche pour se concentrer sur la recherche de solution :
- Si votre enfant se trompe pendant les devoirs, écoutez-le jusqu’au bout et demandez-lui de justifier sa réponse. Parfois, votre enfant mettra tout seul le doigt sur ce qui ne va pas.
- Si un point n’est pas compris et qu’il semble se décourager, rappelez-lui que grâce à cet obstacle, son cerveau se développe et qu’il est sur le point d’apprendre quelque chose de nouveau.
- Quand votre enfant ramène une mauvaise note, reprenez calmement la copie, valorisez les réussites et listez objectivement les points à revoir ou les stratégies à adopter.
Être un modèle pour son enfant
Pour aider notre enfant à cultivez une mentalité de développement pour mieux apprendre, il faut que nous-même nous vivions cette valeur.
- se montrer persévérant, optimiste et motivé autant que possible ;
- assumer nos erreurs et en faire des occasions de progresser ;
- relever des défis et nous considérer comme des « apprenants à vie » ;
Et vous, pensez-vous avoir une mentalité fixe ou une mentalité de croissance ? Que vous a inspiré cet article ? J’ai hâte de lire vos commentaires !
Pour aller plus loin :
Comment Optimiser Son Cerveau ? Apprenez sans limites de Jo Boaler
Faut-il tout miser sur l’intelligence?
Pour les enseignants qui passent par là😉, voici un lien vers des capsules d’autoformation sur la mentalité de développement.