Faire face aux difficultés de mémorisation à l’école

La mémoire joue un rôle fondamental dans le processus d’apprentissage puisqu’elle vise à stocker les informations pour une réutilisation immédiate ou ultérieure. Lorsqu’un enfant présente des difficultés de mémorisation, il n’a plus à disposition l’ensemble des outils nécessaires pour assimiler de nouvelles connaissances. Saisir les mécanismes qui la régissent permet de contourner ou d’endiguer les blocages. Alors, voyons comment les neurosciences viennent au secours de votre enfant.

Comprendre le fonctionnement de la mémoire

Si vous vous sentez démuni face à votre enfant qui n’arrive pas à assimiler, observez-le dans ses processus d’apprentissage.

3 types de mémoires doivent fonctionner tour à tour ou simultanément pour permettre aux données de rester gravées durablement.

Prenons le cas d’un problème de mathématiques :

·        La mémoire à court terme : elle intègre l’information dans sa matière grise. Elle est celle de l’instant présent. On pourrait dire que le cerveau s’intéresse à ce qui est porté « à son attention » : il enregistre toutes les consignes. Cette mémoire éphémère s’exerce par séquences de 20 secondes au maximum.

·        La mémoire de travail : elle digère les données qu’elle analyse et traite puis les fait circuler. C’est le moment où l’élève établit des relations entre les éléments du problème et essaie de les relier de façon logique. Le souvenir n’est pas réservé à une seule zone du cortex cérébral. Il se crée en parcourant un réseau entre les différentes parties neuronales. Des chemins ou connexions neuronales voient le jour et participent à fixer l’information.

·        La mémoire à long terme : elle construit des autoroutes cognitives dans le but d’une réutilisation. Si les mêmes chemins sont régulièrement empruntés et de nouvelles liaisons élaborées, alors le cerveau retrouvera l’information dans le temps parce que cela lui semblera utile. Dans notre cas, l’enfant puise dans les techniques qu’il a déjà assimilées pour résoudre des problèmes semblables en reproduisant un schéma identique.

Identifier les difficultés de mémorisation

Déterminer les étapes cognitives

Dès lors qu’un des chaînons de l’assimilation manque, la mémorisation devient moins efficace.

Apprendre exige :

·        De la vigilance et de la concentration : l’élève doit signaler à son cerveau que l’information l’intéresse. L’attention est un préalable au bon fonctionnement cognitif. 

·        De la motivation, du plaisir, de la curiosité : l’enfant doit y trouver un avantage. Peu importe ce qui justifie l’appétence, louable ou non, pour peu que l’enfant soit enthousiaste.   

·        Du sens : la mémoire à court terme se conjugue à la mémoire de travail si ce que l’on apprend a une raison d’être. L’appareil mnésique, contextuel, nécessite une vision globale à la fois large et concrète. Apprendre les conjonctions de coordination constitue un exercice bien laborieux. Pourtant, grâce à la phrase “mais, ou, et, donc, or, ni, car”, nous nous en souvenons tous ! 

Mémoriser oblige le cerveau :

·        À réemprunter le même trajet neuronal. C’est la répétition à intervalles réguliers qui permettra au cortex cérébral de tracer un chemin de plus en plus pérenne. S’entraîner à reproduire des exercices analogues et de façon cyclique reste la meilleure des méthodes.

Difficultés de mémorisation et répétition des notions
Répéter une notion sous différentes formes permet de contrecarrer les difficultés de mémorisation

·        À activer des zones diversifiées pour étendre ses réseaux. Plus le nombre de routes augmente, plus la possibilité d’accéder à la connaissance requise devient facile. Utilisez les images, les sons, le toucher et sollicitez les sens pour y parvenir.

Reconnaître les troubles mnésiques

Les explications développées dans cet article n’ont pas pour objet de pallier un diagnostic médical. La dyslexie, la dyspraxie, la dysphasie nécessitent des accompagnements de personnels éducatifs qualifiés. Les manques d’attention ou l’hyperactivité présentent trop de complexité pour que l’élève puisse les gérer seul. Vous avez essayé différentes méthodes, mais rien ne fonctionne ? Vous vous sentez perdu et cela génère des blocages de communication et d’apprentissage ? Au moindre doute, mieux vaut consulter un spécialiste qui vous rassurera et vous donnera les clés pour aider votre enfant.

Lorsque les difficultés de mémorisation se manifestent, de façon temporaire et ciblée, il peut être utile de vérifier tous les points que j’ai évoqués et se poser ces questions :

·        Manque-t-il d’attention ? Peut-il ressentir une gêne (trop de bruit en classe par exemple) ? Les devoirs à la maison ont-ils lieu dans de bonnes conditions ?

·        Sa curiosité est-elle satisfaite ? La pédagogie est-elle ludique ? L’entourage familial et scolaire valorise-t-il son travail ?

·        Comprend-il à quoi va lui servir ce qu’il doit retenir, notamment pour les notions les plus abstraites ?

·        Les exercices sont-ils répétés et régulièrement révisés ?

·        Utilise-t-il tous les canaux de son cerveau pour assimiler de nouveaux apprentissages ? La mémoire est multiple, entre autres visuelle, auditive et kinesthésique. Les images et les cartes mentales offrent un support à la mémoire visuelle. Réciter à voix haute peut aider la mémoire auditive. Quant à la marche, elle active la partie kinesthésique. Ces techniques doivent être cumulées et non pas dissociées.

Éduquer son cerveau à mieux retenir

Déclencher la motivation à apprendre

Sans concentration, la mémoire à court terme ne stockera pas les informations même pendant quelques secondes. Une bonne hygiène de vie y contribue : un temps de sommeil suffisant, une alimentation équilibrée et suffisamment d’activités physiques constituent le socle d’une assimilation efficace. La motivation, quant à elle, se construit avec votre enfant. Certains enseignants captent facilement l’attention, peu importe le sujet. On a tous en mémoire au moins un professeur qui savait susciter l’intérêt !

Le cerveau cherche à éprouver du plaisir. Il aime pour cela emprunter « le circuit des récompenses ». Féliciter, noter les progrès, valoriser les nouvelles acquisitions sont des gratifications simples, mais qui fonctionnent.

Varier les méthodes d’apprentissage

Les notions abstraites suscitent souvent moins d’engouement. Apprendre par le jeu reste un moyen efficace de créer le désir. Générez des émotions positives à chaque nouvelle découverte. S’émerveiller en visitant la galerie des Glaces à Versailles provoquera l’envie d’en savoir plus sur la vie de Louis XIV. Aider à confectionner un gâteau et en profiter pour aborder des notions mathématiques (conversions, calcul mental) permettra à l’enfant d’associer inconsciemment cette activité à un moment récréatif. Ainsi, il aura envie d’en savoir plus lorsqu’il étudiera ces sujets à l’école.      

Dans le cerveau, il n’y a pas un seul centre de la mémoire. Le souvenir est décomposé :

·        en sons : je me remémore cette chanson qui passait à la radio à ce moment-là ;

·        en odeurs : les effluves de la tarte aux pommes me font penser aux vacances avec mamie ;

·        en images : regarder des photos rappelle des anecdotes ;

·        en sensations tactiles : je me revois partant à l’école à 6 ans avec cette horrible cagoule en laine qui me grattait le visage.

Les émotions fixent ces souvenirs et intensifient les relations neuronales.

Tous les élèves n’adhèrent pas aux mêmes méthodes. Les inciter à schématiser, à chanter, à imaginer des situations concrètes et à les associer à des perceptions olfactives, à des textures, à des bruitages crée des liens qui musclent les compétences mnésiques.

difficultés mémorisation et méthodes alternatives
Passer par une application concrète pour apprendre permet une meilleure mémorisation.

Nous explorons encore notre cerveau et cherchons à mieux le cerner, mais nous savons que l’enfant aime découvrir dès son plus jeune âge. Les difficultés de mémorisation apparaissent souvent lorsque la scolarité inhibe le caractère ludique et joyeux de l’apprentissage. Alors restons zen et apprenons dans la bonne humeur !

Vous vous voulez en savoir plus sur la mémoire à l’école ?

Mémoire à long terme : 4 étapes pour l’utiliser au collège

Les cartes mentales au service de l’apprentissage

Comment apprendre une leçon rapidement ? 5 étapes incontournables

Merci à Natacha Beaussart pour sa contribution

À propos de l’auteur

Enseignante passionnée par les processus d'apprentissage et la méthodologie, je partage avec vous le fruit de mes recherches.
Pour qu'apprendre soit toujours un plaisir !

Vous pouvez également aimer :