Le monde va soumettre nos enfants à des défis de taille. Développement de l’intelligence artificielle, réchauffement climatique, enjeux de vivre-ensemble, notre mode de vie est en train de se transformer. Et nous, parents, sommes parfois en peine de savoir quel ancrage donner à nos enfants sans tomber dans un alarmisme malsain. Quand nous avons une vision floue de ce que sera l’avenir de nos enfants, il est possible de trouver dans les « compétences transversales » une boussole pour demain. Les soft skills sont-elle la clé de l’éducation du futur ?
Les soft skills indispensables à l’éducation du futur
À l’heure où l’intelligence artificielle réalise déjà des tâches jusque-là dévolues aux humains (comme poser un diagnostique médical simple ou aider à la prise de décisions juridiques), nous sommes désarçonnés par l’évolution du monde du travail. Il n’est plus possible d’affirmer avec certitude que tel parcours scolaire mènera à tel poste, ou même que le métier en question existera toujours dans 20 ans. Par ailleurs, nos modes de vie sont soumis à des mutations marquées par le développement du digital et les enjeux écologiques. On pourrait avoir tendance à se décourager et se demander alors quelle place auront nos jeunes dans ce processus. Agir ou subir ? Créer ou consommer ? Notre travail de parent consiste, avec l’aide de l’école, à guider nos enfants vers l’âge adulte, en confiance. Comment dès lors, adopter ce qu’on pourrait appeler une « éducation durable », c’est-à-dire capable de s’adapter aux changements de société ?
C’est dans cette perspective de pensée qu’interviennent les soft kills et qu’elles s’imposent comme une clé de l’éducation du futur. « Soft skills » est un terme anglo-saxon. On peut le traduire par « compétences transversales » ou « savoir-être ». Ces aptitudes ne sont pas sanctionnées par un diplôme et concernent le comportement d’un individu dans un cadre social : la capacité à s’adapter, la résilience, la communication, l’empathie, etc. Vous en saurez plus en continuant cet article.
On les oppose souvent aux « hard skills » ou « savoir-faire », qui regroupent l’acquisition de savoirs académiques ou techniques qu’on acquiert dans un cursus scolaire.
Les soft skills : un complémentarité aux savoir-faire
Les soft skills s’associent aux hard skills dans l’éducation du futur. Elles sont complémentaires car :
- Elles sont un gage d’adaptabilité ;
- Elles répondent à des enjeux de société tels que la place du soin (ou care) ;
- Elles participent à la réussite future au même titre, et parfois plus, que les diplômes ou certifications.
En effet, le journaliste Paul Though a mis en lumière par son investigation que les enfants qui possèdent ce que lui appelle des « forces de caractère » réussissent mieux et sont plus heureux que ceux ayant de bons résultats scolaires mais des soft skills moins développées.
L’UNESCO a élaboré la liste des compétences transversales essentielles pour les adultes de demain, sous la forme des 4 C :
- Esprit Critique ;
- Créativité ;
- Communication ;
- Collaboration.
Ces compétences prennent aujourd’hui suffisamment d’importance pour que les responsables du PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) songent à l’intégrer à leur célèbre évaluation. Des universités comme Paris 8 ou Paris Nanterre ont mis en place un système de validation des soft skills.
Présentes dans le socle commun de compétences élaboré par l’Éducation Nationale, elles peinent encore à trouver leur place dans le primaire ou le secondaire en France. Ce n’est pas le cas aux États-Unis où les écoles KIPP (Knowledge Is Power : « la connaissance, c’est le pouvoir ») ont une carte de « développement du caractère ». Ainsi, les élèves sont formés et évalués sur des compétences telles que l’optimisme ou le contrôle de soi ! Si l’école commence timidement à s’en préoccuper, les parents peuvent occuper une place de premier ordre dans la transmission de ces soft skills.
Soft skills, futur et éducation : le rôle des parents
Matthieu Chéreau, dans son livre Préparons nos enfants à demain, considère que les parents sont en première ligne de ce défi éducatif. En effet, il estime que l’école doit se réinventer à la lumière des transformations à venir. Mais il suppose également que « ce travail sera long et mené de façon extrêmement inégal. » C’est donc l’opportunité pour les parents de reprendre une place affirmée dans la co-éducation qui imbrique l’influence du monde et de la famille auprès des jeunes que nous éduquons. Il met en avant la complémentarité des expériences collectives et scolaires et celles vécues de manière individuelle avec pour objectif de permettre au enfants de façonner leur avenir plutôt que de se le voir imposé.
Matthieu Chéreau invite les parents à comprendre les changements de demain pour transmettre dès aujourd’hui des valeurs qui permettront à leur progéniture d’absorber ces mutations.
Les 7 soft skills essentielles à l’éducation du futur
Alors quelles sont ces « compétences douces » qu’il faudrait développer pour demain ? Martin Seligman, psychologue à l’origine de la psychologie positive, nous en propose une liste précise : la détermination, la résilience, l’optimisme, le self-control. On peut y ajouter, comme le fait Matthieu Chéreau : l’esprit critique, l’attention, le « penser collectif ».
Détermination
Il s’agit de la persévérance, de la capacité à rester motivé malgré les obstacles et à aller au bout d’une activité. C’est une compétence très valorisée dans la pédagogie Montessori.
Astuce : dès que c’est possible, ne pas faire à la place de l’enfant.
Résilience
Rebondir, lorsque nos actions mènent à l’impasse ou que l’on vit un échec, c’est cela la résilience. Cette compétence va de paire avec la mentalité de croissance, dont Carole Dweck a démontré qu’elle pouvait être source de progrès sans limites.
Astuce : valoriser les échecs comme autant de tentatives vers le succès.
L’optimisme
Les personnes optimistes vivent mieux et plus longtemps, raison de plus pour adopter cette attitude le plus tôt possible ! Optimisme peut très bien rimer avec réalisme quand on s’efforce de voir tous les aspects d’un problème et de choisir le camp de ceux qui cherchent des solutions.
Astuce : analyser avec nos enfants ce que leurs expériences, mêmes désagréables, peuvent avoir d’enrichissant.
Le self-control
Autonomie signifie littéralement « savoir se donner une loi ». Sans cette capacité, pas de projet ni de pouvoir sur sa vie. Dans une société où nous sommes encouragés à développer des envies qui ne sont pas vraiment les nôtres, la capacité à se contrôler est déterminante.
Astuce : adopter l’attitude STOP dans toutes les situations où la volonté est mise à l’épreuve :
- S : j’identifie le Stimulus qui me perturbe ;
- T : je décide de prendre un Temps pour m’arrêter ;
- O : j’Observe ce qui se passe en moi ;
- P : je Poursuis, en étant conscient.e des enjeux.
L’esprit critique
Dans un monde où tout un chacun peut s’exprimer et affirmer ses positions, développer l’esprit critique des enfants est indispensable. Se poser des questions, remettre en cause une information, vérifier sa véracité, argumenter ses propos, etc. Autant d’attitudes qui préserveront la lucidité de leurs jeunes esprits.
Astuce : ne pas céder à la facilité d’internet ! Avec nos enfants, compléter des recherches Google avec un livre, l’avis d’un expert, sa propre réflexion.
L’attention
L’attention est une richesse que veulent aujourd’hui se partager les géants du numérique. Être attentif, c’est se montrer capable de mener à bien une tâche sans laisser prise à la distraction. Cette attention s’élargit à l’empathie quand son objet est un autre être vivant, quand on le considère avec profondeur.
Astuce : demander régulièrement à notre enfant de mener à bien une tâche et donner l’exemple !
Penser collectif
Notre monde est connecté, ce qui apporte de multiples avantages. Mais prenons garde à ce que cette connexion nous servent plutôt qu’elle ne soit un piège. Pour cela, il faut enrichir cette connexion avec l’expérience de la coopération. Penser collectif, c’est monter des projets, prendre en compte l’avis de tous, apprendre à faire des compromis.
Astuce : mettre en place un conseil à la maison, où chaque membre peut s’exprimer sur des problématiques individuelles ou de vie commune.
Les soft skills sont donc des compétences à vivre et que chaque occasion de la vie permet de développer. L’enjeu pour les adultes est d’en être conscient et de permettre à leurs jeunes de faire de leurs expériences de vie un capital pour l’avenir.
Envie d’aller plus loin dans les compétences transversales ? Comment Optimiser Son Cerveau ? Apprenez sans limites de Jo Boaler